Nous avons tous nos "maîtres" et ce, dans n'importe quel domaine. Tenez, prenons par exemple la recette du cake au fruits confits. Personnellement, personne n'égale ma grand-mère. Le plus difficile, c'est d'attendre le lendemain pour le manger parce que, selon cette dernière, il est nettement meilleur.
Niveau polymère, il y a quelques personnes qui font que nous restons bouche ouverte, nos yeux papillonnant et nos deux neurones tournant à plein vitesse... avec cette éternelle question : "mais comment a-t-il/elle fait ?" Alors pour éviter l'explosion de notre couple neuronal, nous admirons, admirons et admirons encore (avec un bruit blanc en fond sonore).
Christine Dumont fait cet effet à de nombreuses personnes. Dont moi, je dois bien vous l'avouer. Alors imaginez un peu mon niveau d'excitation lorsqu'elle a accepté de répondre à tout le gros tas de questions que j'avais préparé à son attention !
Etant connus pour avoir une curiosité débordante, nos lecteurs veulent tout savoir de toi : ton âge, les études que tu as suivies, si tu es mariée, des enfants, des chats, des chiens, des crevettes roses ... ce que tu aimes et que tu détestes, ton film préféré, la musique que tu écoutes en boucle ... Et accessoirement ton numéro de carte bancaire. (Oui, bon, j'avoue, cette dernière demande restera entre-nous.)
Ça commence bien! Je suis fort réservée en ce qui concerne ma vie personnelle, mais disons qu'elle est marquée par le voyage. Si j'étais un animal, je serais un dromadaire (pour pas dire chameau :) ! . Je suis toujours en déplacement. J'ai vécu sur quatre continents. J'ai passé mon enfance en Syrie et au Maroc, étudié l'informatique et l'intelligence artificielle, ai vécu au Canada, en Grande Bretagne, à Malte et maintenant en Belgique. Je retourne en Angleterre le mois prochain. J'aspire au calme. J'adore le jazz, la musique classique, Philip Glass, les films c'est une passion, je regarde tout. Mon film préféré c'est le Full Monty - des hommes qui redeviennent enfants sous l'emprise de la crise économique. J'étudie des scénarios de films pour le fun. Pas de chat pour l'instant. Je déteste pas grand chose en fin de compte. Ça demande trop d'efforts, trop d’énergie.
Quand & comment s'est passée ta première rencontre avec la polymère ? Es-tu tombée sous le charme tout de suite ou t'a-t-il fallu du temps ?
Oh il m'a fallu du temps! Notre contact initial (2007) fut plutôt tiède et peu prometteur. La polymère sait se faire attendre, se faire désirer, la coquine. C'est ça qui fait son charme.
Que préfères-tu travailler avec ce matériau ?
J'aime de travailler les formes. C'est si gai de triturer, pousser, évaser, tubuler, tirer, houspiller, cajoler. J'adore aussi expérimenter, découvrir de nouvelles techniques. Pour l'instant, disons que ce sont les découvertes de textures qui me passionnent... Ayant dit cela, la composition m'interpelle aussi beaucoup - car harmoniser les couleurs, les lignes, les proportions, ça a quelque chose de tellement insaisissable, élusif. Mais quel bonheur quand on réussi!
Que t'a apporté la polymère dans ta vie, depuis que tu l'a rencontrée ?
Aneliz, de combien de temps disposes-tu? Tout d'abord, la chance de développer ma fibre artistique dans le domaine plastique, de partager cette passion avec énormément de personnes, d'en faire la fibre de mon entreprise, de me découvrir un potentiel d'éducatrice, d'organiser des cours de créativité sur Voila!, de participer à l'organisation d'une conférence internationale (Euro Synergy - Malte - 2014), de découvrir de nouveaux pays... Tu veux que je continue?....
En parlant de travail, dans quels conditions naissent tes créations ? Les dessines-tu d'abord ou crées-tu au feeling ? Sur la table du salon ? Dans un atelier spécialement dédié ? Accompagné par une musique rock ou par le doux ronronnement d'un chat ?
Au niveau espace, je suis vernie! J'ai la chance d'avoir un atelier, une salle pour la cuisson et le ponçage. J'ai aussi un espace dédié à la photo. Mais avant de se matérialiser dans l'atelier, le travail prend forme bien avant, dans ma tête et sur papier. J'ai des classeurs remplis de dessins. Je planifie le travail dans tous ses aspects avant de passer à l'acte afin de tirer le maximum de profit du temps que je passe dans l'atelier. Au milieu des déménagements, voyages, responsabilités familiales et autres, je dois toujours gérer mon temps au mieux.
Peux-tu nous montrer une de tes toutes premières créations ? Qu'en penses-tu aujourd'hui ?
Je pensais à l'époque que c'était nul et je pense toujours que ça l'est, non? Mais fallait bien commencer quelque part.
Quelle est ta création favorite ? Pourquoi ?
J'aime la broche en Cellularia ajourée. C'est une des premières que j'ai faites dans ce style. Elle est composées de trois plaques qui "s’emboîtent" et cela a demandé de la précision. Elle m'a fait réaliser que j’étais capable de faire du travail minutieux, exact et je m'y retrouve complètement.
Ton plus beau moment d'artiste :
Quand j'ai sorti la Saxoflora. Elle est arrivée tout d'un coup, sans dessin préalable. Avant elle, je travaillais en formes plates. Au moment où elle est sortie, je me suis rendu compte que je faisais transition vers la sculpture.
Le nom d'un(e) artiste qui te donnerai envie d'aller encore plus loin, de tenter d'autre chose ou que tu ne te lasses pas d'admirer :
L'artiste japonais, Michiro Sato (Japon). Son travail est une invitation au voyage ou là, tout n'est qu'ordre, calme et fragilité.
Une autre artiste que j'admire, c'est Ursula Morley-Price, une céramiste anglaise qui vit en Charente. On retrouve ce même ordre et cette même fragilité.
Et voici une troisième artiste qui fait rêver - c'est Liv Blavarp (Norvège).
Là on retrouve l'ordre mais le travail n'est plus fragile. Au contraire il y a une sorte de force envoûtante.
Aujourd'hui tu dispenses des cours dans plusieurs pays. Comment a commencé cette aventure ?
À Corbières en 2010 avec 80 stagiaires. Un vrai baptême par le feu!
Ton réveil n'a pas sonné. Tu as plus d'une heure de retard pour l'atelier le plus important de l'année. En deux-deux, tu attrapes trois choses qui te sont essentielles ("polymèriquement" parlant) avant de courir voir tes élèves. Quelles sont-elles ? (Et non, tu n'as pas préparé ton sac le soir parce que tu es très mal organisée).
Bon, ben c'est une question qui relève de la plus haute fiction car je suis super-organisée, super-structurée. Une valise, ça se prépare une semaine à l'avance, surtout pour l'atelier le plus important de l'année! Allez, réfléchissons! Tout d'abord, jetons le foutu réveil en question à la poubelle. Pas la peine de répéter ce cauchemar... (ouilleouilleouille, oui je sais, je réponds à côté de la question mais cette question m'incapacite les neurones.) Tout d'abord, attrapons la pièce modèle pour l'atelier.
Sans elle franchement, ce serait procéder complètement à l'aveuglette. Attrapons aussi la machine a pâte, évidemment. Arriver à un stage sans pasta machine, ça fait pas sérieux. Puis emprunter celle de quelqu'un d'autre, c'est comme commettre une infidélité, non? (Phew, deux réponses de faite. Les notes de cours en troisième position peut être? Non, pas la peine, car elles sont imprimées dans ma mémoire. Je peux les réciter à l'endroit, à l'envers et de coté. J'ai trouvé! Mon jeu d'aiguilles à tricoter. J'en ai toute une collection. Je m'en sers pour toutes sortes de choses comme évaser une forme, lisser ou souder une "couture", texturer ou trouer une surface. (Je voudrais te préciser quelque chose, Aneliz. Normalement, un matin d'atelier, ce sont trois réveils que je fais sonner.)
Toutes les personnes interrogées y sont passées : la question Bac option polymère. Comme les autres, impossible de sauter cette phase sans causer d'irrémédiables problèmes d'avenir. Les entrées de la salle sont sous haute surveillance. Le sujet est le suivant : "vos voyages se retrouvent à votre cou. Créez un objet sur tous les pays traversés." Que fais-tu ?
Si je dis: "un globe terrestre porté en perle unique", quelle note me donnerais-tu? ... Bon je vais faire un effort. Tiens, justement, j'ai un petit faible pour le doux et quand je découvre un nouveau pays, je fais toujours un saut dans une confiserie. Si je devais porter mes voyages autour de mon cou, je composerais un "collier bonbon". Alors, j'enfile une praline... un macaron ... un Liquorice Allsorts... un Dropje ... un fudge à l'érable, un marshmallow, un loukoum, un morceau de Toblerone, une datte confite, une corne de gazelle... j'arrête car il devient lourd ce collier!
La parole (ou plutôt le clavier) est à toi. Tu peux dire ce que tu veux à qui tu le souhaites. Et c'est maintenant :
Comme je l'ai dit précédemment, je contribue à l'organisation de la conférence EuroSynergy qui va se tenir à Malte en 2014. J'espère y voir les lecteurs-lectrices de PdP en grand nombre. A part cela, il y a aussi la compétition organisée par l'IPCA: The IPCA Awards . Aneliz, merci et gros bisous !
Christine Dumont. Son blog & Sa galerie.